Jacques Desch engrosse sa servante et la marie à un valet allemand

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Titre
Jacques Desch engrosse sa servante et la marie à un valet allemand
Nature de l'événement
Anecdotes littéraires
Personnage principal
Jacques I Desch (1371-1455)
Période
Non spécifiée
Lieu
Metz (Moselle)
Description de l'événement
La nouvelle 68 des Cent nouvelles nouvelles de Philippe de Vigneulles raconte la ruse de Jacques Desch. Avant que la grossesse de sa servante soit visible, il la marie à un serviteur allemand. Mais celui-ci vient ensuite se plaindre que sa femme a eu un enfant en seulement six mois. Il a peur que cela se reproduise, le conduisant à la misère. Jacques Desch rassure le pauvre naïf : sa femme fera désormais les enfants en neuf mois, comme les autres.
Adaptation en français moderne :

« La 68e nouvelle traite d’un valet de métier qui se maria avec une servante de la maison d’un seigneur, mais il voulut la rendre à son maître parce que la femme avait eu un enfant et accouché au bout de six mois, comme vous allez l’entendre

À Metz, il y avait un noble seigneur qui s’appelait Jacques Desch l’Ancien. Ce seigneur avait une servante, belle, jeune et bien portante, qui n’était pas farouche et se montra si complaisante qu’on s’aperçut qu’elle était enceinte. Si ce n’était pas de son maître qu’elle était grosse, c’était d’un enfant et des œuvres de son maître, comme on disait. Le seigneur, en voyant le ventre de sa servante qui commençait à gonfler, fut bien préoccupé et il se demandait comment il pourrait sauver son honneur et celui de la servante. Il pensa alors à un jeune compagnon allemand, qui était très amoureux de la servante et il se dit qu’il pourrait lui être bien utile.

Il ne fallut pas longtemps avant que notre Allemand revienne voir sa dame par amour, car il était aussi épris que possible. Celle-ci, sur le conseil de son maître, lui fit bien meilleur accueil qu’auparavant : il en fut encore plus enflammé, sans se demander ce qu’elle avait derrière la tête, car c’était un gros niais et il était facile à tromper. Alors la fille fit tant, avec le seigneur, qu’on prépara son mariage avec l’Allemand, et on fit les noces et la cérémonie traditionnelles.

Ils étaient ensemble depuis six mois que le pauvre cocu ne s’était encore rendu compte de rien, mais au bout d’une demi année, elle accoucha d’un beau garçon, qui fut accueilli avec beaucoup de joie. Mais tout le monde en parlait, non pas en présence de celui qui pensait être le père, mais par derrière. Le pauvre homme n’était fâché que d’une chose, c’est qu’il était pauvre et démuni de biens et que sa femme avait eu un enfant en une demi-année. Il avait peur qu’elle ne fasse ainsi toutes les demi-années, car il pensait que lui qui était pauvre, il ne pourrait pas élever tant d’enfants, si sa femme en faisait un tous les six mois.

Alors il vint se plaindre à messire Jacques Desch l’Ancien, en disant qu’il ne voulait plus de sa femme et qu’il venait la ramener. « Mais pourquoi, Hans ? » demanda le seigneur, en pensant qu’il disait cela pour une autre raison, « en es-tu déjà fatigué ou ennuyé ? ». Et Hans, qui parlait assez mal et massacrait le français, lui répondit : « Non, monzieu, z’est frai, mais, monzieu, che zui un bauvre abrenti et ma femme a eu un envant en zix mois, et si elle a un envant dous les zix mois, comment che fais m’en sordir ? » Messire Jacques Desch, voyant la bêtise de Hans, fut très content et ne put se retenir de rire, puis il le rassura en disant : « Hans, mon ami, n’ayez pas peur que votre femme ait un enfant tous les six mois : non, c’est de famille. Sa mère aussi avait eu un enfant au bout de six mois ou en moins de temps encore, mais ensuite elle n’en a plus eu que tous les neuf mois ou tous les ans. Donc, Hans, tranquillisez-vous, élevez votre enfant, et vous verrez que votre femme fera comme sa mère, elle n’en aura plus que tous les neuf mois ou tous les ans ».

À ces paroles, le pauvre Hans fut tout réconforté et remercia beaucoup le seigneur, en disant « Che zui bien gontent d’afoir un envant maintenant, mais il vaut qu’elle n’en fasse qu’un dous les ans, sinon che ne bourrais pas m’en sordir – Ma foi, Hans, ça n’arrivera pas », lui jura le seigneur. Voyant comme il était naïf, il ne pouvait s’empêcher de rire, et pour lui faire plaisir, il lui donna deux sacs de blé, et Hans en fut très joyeux. Puis il prit congé du seigneur et retourna auprès de sa femme, et on n’en parla plus, car sa femme n’eut plus d’enfants qu’une fois par an, comme il lui avait promis. »

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