La terre a tremblé : lieux de mémoire messins de la Passion du Christ
Contenu
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Titre
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La terre a tremblé : lieux de mémoire messins de la Passion du Christ
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Nature de l'événement
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Récits légendaires
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Personnage principal
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Les percepteurs romains
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Autres personnages
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L'empereur romain
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Date
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30
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Description de l'événement
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Les événements clés de la foi chrétienne ont eu lieu bien loin de Metz. Pour compenser, les chrétiens du Moyen Âge ont eu besoin de peupler leur quotidien de lieux de mémoire, les assurant que dès les origines, leur cité était concernée par la vérité. Les Evangiles signalent qu'à la mort de Jésus, l'obscurité se fait à Jérusalem de midi à trois heures (Luc, 23, 44) et qu'un tremblement de terre a lieu (Matthieu, 27, 51). La légende messine montre les lieux qui attestent que les signes ont aussi été visibles à Metz même si les témoins n'ont pas compris leur cause : deux églises les conservent. Dans la commanderie de Saint-Jean, place de Chambre, décorée de sculptures représentant la Passion, une muraille fendue attestait de la violence du séisme : il pouvait s'agir d'un fragment des remparts romains de Divodorum, ou d'un vestige du petit amphithéâtre. Dans le cloître Saint-Sauveur, c'est un bloc de porphyre, pierre que les Romains importaient d'Egypte, qui commémore le miracle. La légende s'accroche aux lieux, et aime convoquer les héros du passé : Godefroy de Boullon, le conquérant lorrain de Jérusalem ; Charlemagne et Olivier, l'ami de son neveu Roland ; Octavien enfin, c'est-à-dire l'empereur Auguste, fondateur légendaire du temple de Jupiter sur la colline Sainte-Croix. C'est par ces légendes d'origine que Philippe de Vigneulles commence sa chronique, en se fondant sur la mémoire des lieux.
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« Les collecteurs et receveurs des tributs dus par la Gaule à l’empereur vinrent à Rome, apportant les tributs de la cité de Metz : ils racontèrent que le jour du Grand Vendredi (Vendredi Saint), ils étaient à Metz et que ce jour-là, de la sixième heure à la neuvième (de midi à trois heures), il y eut des ténèbres, si obscures que l’on voyait les étoiles au ciel, et qu’il y eut un grand tremblement de terre. Plusieurs maisons s’écroulèrent, et une muraille très épaisse fut rompue et fendue de haut en bas. C’est là que, des années après, fut édifiée une église en l’honneur de saint Jean-Baptiste, où la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ est sculptée en merveilleux ouvrages de pierre. C’est maintenant l’église de Saint-Jean-en-Chambre, qui s’appelle ainsi parce que, après l’époque de Godefroy de Bouillon, elle fut fondée pour l’Hôpital de Jérusalem (dont le siège est maintenant à Rhodes) et qu’elle devient une des chambre de cette communauté. C’est pourquoi toute la rue et la place furent appelées « Chambre ». Pour retourner à notre propos, on raconta et on rapporta aussi à Rome comment, dans la cité de Metz, une pierre de ce marbre qu’on appelle porphyre, qui avait été sculptée avec beaucoup d’art et avait été déposée dans le temple qu’Octavien avait édifié à la manière des païens, en haut de la montagne où la cité avait été fondée, cette pierre donc avait été fendue et coupée en deux comme si elle avait été tranchée d’un coup d’épée. Bien des années plus tard, Charlemagne et Olivier la firent transporter de ce lieu au cloître de Saint-Sauveur. Elle y est encore aujourd’hui, où tout le monde peut la voir. Après avoir écouté ces paroles, l’empereur ordonna qu’elles soient notées dans les annales des Romains et les chroniques des empereurs. »