1542 - Les Treize protestent contre les Protestants
Contenu
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Titre
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1542 - Les Treize protestent contre les Protestants
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Nature de l'événement
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Politique et diplomatie
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Période
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28 septembre 1542 - 2 octobre 1542
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Description de l'événement
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En 1542, la cité de Metz se déchire sur la question confessionnelle. Le maître-échevin, Gaspard de Heu, protestant convaincu, veut que la cité adopte la Réforme ; a minima, il désire l'autorisation du culte luthérien à côté du catholicisme. Mais les Treize Androuin Roucel et Jacomin Travalt contrecarrent ses projets pour maintenir le catholicisme comme culte unique.
Le 28 septembre, arrivent à Metz des ambassadeurs des puissances protestantes allemandes : le duc de Wurtemberg, le landgrave de Hesse et les cités de Strasbourg et de Francfort. Ils s'installent dans la maison de Bibra, tandis que leurs troupes tiennent la campagne autour de la ville. Ils se présentent à la porte des Allemands puis à la porte Sainte-Barbe mais, sur ordre des Treize, on leur refuse l’entrée. Avec ses partisans, Gaspard de Heu force le passage de la porte des Allemands et les fait entrer. Dans une ambiance de ville assiégée, leur troupe à cheval déclenche la panique en ville : s’agit-il de négociateurs ou d’une armée ennemie ? Le lendemain, à la cathédrale, les Treize comparaissent solennellement par-devant les officiers épiscopaux, l’official (juge ecclésiastique), le scelleur et le promoteur fiscal, pour désavouer le maître-échevin. Leur protestation prend la forme d’un instrument public, procès-verbal établi par un notaire (Jean Praillon) devant le grand autel de la cathédrale en présence des chanoines. Androuin rappelle que les Treize sont des officiers et vassaux de l’évêché de Metz : ils ont prêté serment à l’évêque leur seigneur. De même se sont-ils engagés auprès de l’empereur Charles Quint de maintenir Metz dans la foi catholique. Or Gaspard de Heu a utilisé la force pour faire entrer dans la ville des gens à cheval, dont des prédicateurs luthériens, contre les ordres donnés par la justice : ils dégagent ainsi leur responsabilité.
Le lendemain, les deux Treize se rendent à Bibra et opposent « un gracieux refus » aux demandes des ambassadeurs allemands. Le dimanche 2 octobre, Gaspard de Heu tente à nouveau de faire prêcher Guillaume Farel dans l’église Saint-Pierre-aux-Images, c’est-à-dire au pied de la cathédrale et à deux pas du palais des Treize. Les Treize réagissent immédiatement et Gaspard de Heu doit exfiltrer Farel de la cité : les Protestants se retirent à Montigny sous la protection des troupes allemandes. Mais avant de partir, Farel maudit la cité : « un jour viendra où, au lieu du Seigneur qui se présentait à eux avec tant de douceur, ils auront un tyran qui les asservira et leur ôtera la liberté qu’ils craignaient de perdre en recevant Jésus-Christ ».
Après 1552, certains Protestants penseront que la prophétie s’est réalisée. Le père Meurisse qui raconte l’épisode au XVIIe siècle, s’en indigne : comment le roi de France pourrait-il être un tyran ?