MéLoDi - Cité de Metz (1220-1552)

1506 - Celle qui prenait Pierre Baudoche pour un cheval mort

Contenu

Titre

1506 - Celle qui prenait Pierre Baudoche pour un cheval mort

Nature de l'événement

Anecdotes littéraires

Personnage principal

Jacomette de Lessy

Autres personnages

Pierre Baudoche (14..-1505)

Période

Vers 1506

Lieu

Église Saint-Martin-en-Curtis

Chapelle des Baudoche

Description de l'événement

Dans les Cent nouvelles nouvelles, Philippe de Vigneulles met en scène plusieurs « simples gens », et les quiproquos que provoque leur bêtise. Jacomette doit venir en ville pour payer une redevance à son seigneur. Elle passe devant une église et regarde une fresque représentant saint Eloi en maréchal-ferrant, avec un cheval mort. Elle pense alors que le cheval est Pierre Baudoche en train d'être enterré. L'église en question est sans doute Saint-Martin, où les fils de Pierre Baudoche firent édifier une chapelle pour inhumer leur père mort en 1505. La fresque, disparue, devait représenter la légende de saint Eloi, maréchal-ferrant orgueilleux : Jésus lui apparaît et coupe la jambe d'un cheval, la ferre sur l'enclume, et la remet en place. Mis au défi de faire mieux, Eloi fait mourir le cheval. Jésus l'invite alors à reconnaître que Dieu est plus grand. Jacomette a peut-être confondu « Baudoche » et « baudet »...

Traduction : « Il y a peu, une bonne vieille femme Jacomette habitait le village de Lessy, au val de Metz. Cette bonne dame […] était une femme simple et naïve [A Metz] elle passa devant une église où on avait enterré, peu de temps auparavant, un des seigneurs de la cité nommé Pierre Baudoche. Comme cette bonne femme regardait et admirait les travaux qu’on avait fait dans l’église, elle vit tout à coup une peinture toute neuve qu’on avait fait sur le mur, et elle mit toute son attention à regarder un saint Eloi qui y était peint. Le saint était en train de ferrer un cheval, comme on le représente d’ordinaire. Elle était tellement absorbée à regarder le cheval qu’elle resta là longtemps sans bouger, si bien que plusieurs qui étaient dans l’église s’en aperçurent et virent à son allure que c’était une femme simple. Ils virent auprès d’elle et l’un d’eux lui demanda ce qu’elle regardait. La bonne dame répondit : « Je regarde que vous avez fait de belles réparations à votre église et vous avez fait de belles images. Et je vois que vous avez fait peindre messire Pierre Baudoche. Je pense donc qu’il l’avait demandé par testament et que ses héritiers on payé cette peinture. » L’autre regarde de tous côtés et ne voit pas ce qu’elle dit. Très étonné, il lui dit : « Madame, je ne vois pas la peinture de messire Pierre Baudoche dont vous parlez ». « Comment, dit-elle, ce n’est pas messire Pierre Baudoche qui est sur ce cercueil ? » Et elle lui montra le cheval que l’on ferrait devant saint Eloi, en lui disant que c’était messire Pierre Baudoche, et de l’enclume, que c’était un cercueil. Ceux à qui elle dit cela éclatèrent de rire et eurent bien du mal à s’arrêter. Ils virent bien qu’elle n’était pas futée (« elle ne ferait guère de boudin car elle n’avait guère de sang »). Ce sera tout sur l’intelligence de madame Jacomette. »

Source

Philippe de Vigneulles, Les Cent nouvelles nouvelles (édition scientifique)

n°82 p. 322-323

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