Le renard de Collignon d’Abocourt fait peur à toute la maison

Contenu

Titre
Le renard de Collignon d’Abocourt fait peur à toute la maison
Nature de l'événement
Anecdotes littéraires
Personnage principal
Nicolle d'Abocourt dit Fabelle (14..-15..)
Un renard apprivoisé
Autres personnages
Le valet, employé de la Monnaie
Mangette Granjean (14..-15..)
Période
Entre 1477 et 1505
Lieu
Maison de Nicolle d'Abocourt
Atelier monétaire
Description de l'événement
Dans les Cent nouvelles nouvelles, Philippe de Vigneulles raconte une mésaventure arrivée à la maisonnée de Nicolle d'Abocourt, qu'il connaît bien et qui est sans doute toujours bien vivant quand il écrit son conte. Nicolle avait un serviteur, employé de la Monnaie municipale sous ses ordres, et très vantard. Or une nuit, le renard apprivoisé de la maison brise sa chaîne et fait tant de bruit en courant qu'il panique les dormeurs. Le valet se révèle alors comme un grand peureux, au plus grand plaisir des rieurs.

Le conte nous montre un intérieur de riches Messins : le couple de patriciens dorment au premier étage, comme leur femme de chambre et un valet, qui sert à la fois de domestique et d'employé dans l'administration confiée au mari, ici la Monnaie municipale. Le rez-de-chaussée peut servir de pièce de réception ou de stockage, il est désert pendant la nuit. Un escalier dessert toute la maison, jusqu'au grenier, et communique avec la porte devant et la porte de derrière.
Traduction :
« Il y avait dans notre cité un homme appelé Colignon d’Abocourt, ou Colignon Faber, qui était maître de la monnaie de la cité. Or Colignon avait un serviteur qui se vantait d’être plus courageux que les autres, et il l’était au moins en paroles, car quand on parlait de guerre ou d’autres conflits, il découpait les ennemis avec sa langue comme de la chair à pâté.
Colignon avait chez lui un renard apprivoisé, qui était attaché à une chaîne en fer. Il arriva qu’une nuit, le renard arracha sa chaîne et se mit à courir dans la maison. On aurait dit un diable, à cause de la chaîne qu’il traînait, et il fit tellement de bruit qu’il réveilla Colignon. Celui-ci entendit marcher dans sa maison et eut peur : il craignit que ce fut des voleurs ; il réveilla sa femme et lui dit : « Ecoute le bruit qu’on fait au rez-de-chaussée. Je ne sais pas ce que c’est. - Ma foi, répodit-elle, tu dis vrai. Qu’est-ce que cela peut être ? Je crains que ce ne soit un cambrioleur, ou alors un fantôme. » Et tous les deux avaient bien peur – ils avaient complètement oublié leur renard. Colignon dit alors à sa femme qu’il voulait aller voir ce que c’était. « Oh non, pour l’amour de Dieu, dit-elle, dites plutôt à notre valet de venir, et il s’en occupera. » Il appelle le valet, qui se lève aussitôt et vient demander ce qu’on voulait de lui. « Hélas, lui dit son maître, prend une lance ou un bâton et va voir en bas : je crois qu’il y a un cambrioleur. - Très bien, dit-il, s’ils sont là, tant pis pour eux ! » Aussitôt il mit à sa ceinture une bonne épée et un marteau avec lequel il forgeait la monnaie et il sortit de la chambre. Le maître et la maîtresse se suivirent, une chandelle à la main, et ils fouillèrent le rez-de-chaussée, sans rien voir. Mais pendant qu’ils cherchaient, le renard, qui était caché sous une table, eut peur et il s’enfuit dans les escaliers, jusqu’au grenier. Ils ne le virent pas, mais ils l’entendirent monter et ne savaient pas ce que c’était. Colignon dit alors à son valet : « Monte au grenier, poursuis le voleur. - Mon Dieu, répondit le valet, je ne le ferai pas ». Mais il lui demanda avec tant d’insistance qu’il accepta de monter, à condition que la servante soit derrière lui pour lui faire de la lumière. Elle avait tellement peur qu’elle tremblait, et notre vaillant garçon aussi. Ils montèrent les escaliers tous les deux, le valet devant et la femme de chambre derrière : ils avaient tellement peur qu’on aurait pu leur boucher le cul avec des grains de millet, surtout le valet qui tremblait comme une feuille. Quand ils arrivèrent en haut des escaliers, à l’entrée du grenier, le renard vit la lumière de la chandelle et fut pris de panique, et avec sa chaîne, il sauta sur le valet : il voulait redescendre en bas. Notre pauvre homme aussi était paniqué quand il sentit le renard courir dans les escaliers, tellement qu’il tomba à la renverse. Dans sa chute, il tomba sur la servante qui était derrière lui, et tous les deux dévalèrent les escaliers. Ils s’écrasèrent en bas et gisaient sur le sol comme des pourceaux. Colignon Faber pensait encore qu’il s’agissait de voleurs, et il cria : « Oh, mon valet ! C’est le moment d’être courageux, sinon le cambrioleur va s’enfuir par la porte de derrière ». Mais il avait beau lui parler, le valet ne bougea pas : il ne savait plus où il était. Finalement, la chaîne du renard s’accrocha à un coffre et il fut bloqué. Alors ils se rendirent compte que c’était leur renard, et tout le monde éclata de rire. On se moqua bien de notre valet dans toute la ville quand on l’apprit, parce qu’il se disait le plus courageux de tous. »

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