1366 - Un banni enlève Bertrand le Hungre (enfin, il essaye)

Contenu

Titre
1366 - Un banni enlève Bertrand le Hungre (enfin, il essaye)
Nature de l'événement
Justice et faits divers
Personnage principal
Bertrand Le Hungre (13..-1397)
Période
Avril 1366
Description de l'événement
Banni de la cité de Metz, Guillaume Poujoise, dit Pallemant, a une idée géniale : s'il enlève un riche patricien; il pourra négocier son amnistie. Le vieux Bertrand le Hungre, ce bon chrétien, va tous les matins faire dire une messe à Notre- Dame-des-Champs, hors de Metz, à la porte Saint-Thiébaut. Poujoise recrute des hommes de main et assaille Bertrand à l'aube : selon la coutume, il lui demande de se reconnaître son prisonnier (« cranter prison ») ou de monter lui-même sur le cheval. Mais Bertrand refuse, même quand on le menace de mort. Devant sa paisible obstination, et alors que l'alerte est donnée, les mauvais garçons s'enfuient. Bertrand est libre : il négocie alors l'amnistie de Poujoise, qui est rappelé à Metz en mars 1367 (comme quoi, en demandant gentiment...).

Mais la famille de Bertrand a eu très peur pour lui et à l'idée de payer sa rançon : ils obtiennent qu'il arrête de sortir de la ville pour écouter sa messe. Alors Bertrand consacre les dernières années de sa longue vie à la fondation du couvent des Célestins, près du Champ-à-Seille. Voilà l'origine du couvent, telle que la raconte la chronique des Célestins.
Chronique des Célestins (texte adapté en français moderne) :
« En 1366, Pallemant, qu’on surnommait le noble écuyer, était banni de la cité de Metz, à cause de ses attaques violentes contre les seigneurs de la cité. Ce Pallemant ne trouvait pas de solution ni de moyen d’être réhabilité : il se dit que s’il pouvait capturer et faire prisonnier Bertrand le Hungre, qui allait tous les jours écouter la messe à Notre-Dame-des-Champs le matin, ce serait une manière de pouvoir négocier un accord et la paix. Ce qu’il se proposait de faire, il se mit rapidement à le mettre en œuvre. Au mois d’avril 1366, Pallemant fit en sorte d’avoir avec lui une bonne compagnie d’une vingtaine d’hommes, bien montés et bien armés, et il les amena au point du jour dans le bourg de Notre-Dame-des-Champs et les mit en embuscade dans une grange derrière l’église. C’est là qu’ils attendirent l’heure où Bertrand devait venir pour écouter la messe.

Quand ce fut l’heure où Bertrand vint pour écouter la messe, avec son chapelain et son clerc, et qu’il voulut entrer dans la cour de Notre-Dame-des-Champs, deux des compagnons s’approchèrent de lui : l’un l’attrapa par la tête et l’autre par les pieds, et ils l’emportèrent dans un jardin à côté de la grange. C’est là que Pallemant exigea que Bertrand lui jure qu’il était son prisonnier (cranter prison) ou qu’il monte à cheval pour qu’ils emmènent avec eux. Mais malgré les menaces de mort et les autres menaces, Bertrand ne voulut ni jurer ni monter à cheval, et ils restèrent ainsi un certain temps.

Pendant ce temps, le chapelain et le clerc de Bertrand avaient pris la fuite et étaient rentrés : ils ameutèrent toute la cité en disant : « On enlève Bertrand le Hungre ! » Toute la cité fut troublée, les trompettes sonnaient l’alarme, on criait, les soldats et les troupes communales s’armaient pour délivrer Bertrand et il y avait une grande […] partout, si bien que Pallemant eut peur d’être surpris là où il était. Mais il voulait toujours que Bertrand montât à cheval ou jure, et il lui disait que s’il ne faisait pas soit l’un soit l’autre, il le tuerait. Et Bertrand, qui était assuré que Notre-Dame, mère de notre Sauveur Jésus Christ, le protégerait, ne voulut jamais jurer ni monter à cheval.

Pallemant ne voulait pas le tuer car il était de sa parenté. Quand il vit qu’il ne pourrait parvenir à ses fins, il lui dit : “Promettez-moi de faire ma paix avec ceux de Metz”. Et Bertrand lui promit de faire tout ce qu’il pourrait : il tint cette promesse, car il eut sa paix peu de temps après. Une fois cette promesse faite, Pallemant et ses compagnons s’enfuirent en éperonnant leurs montures pour ne pas être surpris à cet endroit : on les pourchassa, mais on n’en attrapa aucun.

Les amis de Bertrand arrivèrent, ses enfants, ses frères et d’autres, et ils le reprochèrent très durement et âprement d’aller ainsi écouter la messe hors de la cité, en lui disant qu’il y avait bien assez d’églises dans Metz pour aller dehors écouter la messe, et d’autres paroles identiques. Ils lui demandèrent s’il avait juré, il leur répondit : “Non, mais je lui ai promis de faire tout ce que je pourrai pour qu’il ait sa paix”. Ils furent très joyeux de ce qu’il n’était pas prisonnier [sur parole]. Certains disaient que la glorieuse Vierge Marie l’avait gardé, à cause de sa grande dévotion envers elle, comme on peut bien le croire et comme Bertrand le croit aussi fermement. »

Ressources liées

Contenus avec " Évènement : 1366 - Un banni enlève Bertrand le Hungre (enfin, il essaye) "
Titre Classe
Couvent des Célestins Lieu
Notre-Dame-aux-Champs Lieu
Contenus avec " Évènements : 1366 - Un banni enlève Bertrand le Hungre (enfin, il essaye) "
Titre Classe
Bertrand Le Hungre (13..-1397) Personne
Guillaume Poujoise dit Pallemant (13..-13..) Personne