1368 - Le duc de Bar creuse un trou pour s'évader de Metz
Contenu
-
Titre
-
1368 - Le duc de Bar creuse un trou pour s'évader de Metz
-
Nature de l'événement
-
Justice et faits divers
-
Personnage principal
-
Robert, duc de Bar (1344-1411)
-
Période
-
Avril 1368 à mai 1369
-
Description de l'événement
-
Le 4 avril 1368, un duel judiciaire est programmé à Ligny-en-Barrois, entre le chevalier Jean de Mars et le capitaine messin Robert de Hervilley, que Jean accuse de trahison. Les seigneurs de la cour du duc de Bar, le jeune Robert, ainsi que les patriciens messins, viennent nombreux assister au combat. Mais Jean ne se présente pas. La tension monte ; selon la chronique messine de Pierre Didier, Robert de Bar et le comte Jean de Salm le Jeune attaquent les Messins avec 140 combattants. Les Messins se défendent et prennent l'avantage : Jean de Salm (dit le Saumon) est tué, et de très nombreux barons lorrains capturés, dont Robert de Bar, que les Messins arrivent à ramener prisonnier à Metz. Robert et ses amis sont placés en résidence surveillée chez un patricien : le duc est prisonnier sous serment en attendant de négocier le paiement d'une énorme rançon. Contre tout honneur chevaleresque, il tente de se sauver en creusant un trou dans sa chambre. Décidément, les Messins sont les meilleurs, et les Lorrains sont des traîtres. Robert de Bar n'est délivré qu'en 1369 ; 70 ans après, les Messins réclament toujours le solde de sa rançon.
-
Selon le récit de Jean Praillon, BMI Epinal 131 folio 100 (texte adapté en français moderne : « Après, le duc essaya deux fois de s’échapper, une fois chez Jean Jallée, et l’autre chez Gemel, le 28 juin, et je vous dirai comment. Il était avec le comte de la Petite-Pierre, Huard de Villey et Richard de Chardonne. Or la demoiselle de la maison venait faire son lit chaque jour. Il arriva que Gemel demanda à la demoiselle : "Dis-moi, as-tu fait le lit du duc ?" Elle répondit aussitôt qu’il y avait trois jours qu’elle n’y avait pas été, et qu’il ne l’avait pas laissée entrer dans la chambre. Gemel partit aussitôt et alla raconter cela aux Sept de la guerre. Ils vinrent bientôt et trouvèrent un grand trou sous le chevet du lit du duc : il l'avait creusé avec un pied-de-chèvre (un levier d'arbalète) et d’une hache. Ils trouvèrent aussi des dagues, des couteaux et des cordes pour s’évader, et il fut aussitôt mis en prison plus stricte qu’auparavant, de même que d’autres prisonniers qui étaient logés en ville chez des hôtes ».
-
Pour commémorer l'épisode, les Messins en font un petit poème, rapporté par Philippe de Vigneulles :
« L’an mil trois cent soixante-huit
Mourut le Saumon à grand bruit
Et le Bar pris par ceux de Metz
Et les barons menés à Metz
Je vous le dis sans nulle glose
Ce fut le jour de Saint-Ambroise.
Après, si on n'avait pas regardé,
Le duc de Bar se serait échappé.
Mais Dieu ne le voulait pas du tout :
Il fallut compter avec son hôte,
Avant de se sauver par un trou :
Il est plutôt sorti par la porte. »